« Faisons d’une image funèbre une allégresse par mes chants. »
– Platée, Acte II, scène 5
De quoi Platée est-elle le nom ? L’ambiguïté subsiste, non seulement sur le genre – tantôt ballet bouffon, unique en son genre, justement, tantôt comédie-ballet, désignation plus neutre, et partant moins suggestive –, mais aussi quant à la créature éponyme, « Nymphe » régnant sur « un humide empire » ou « Naïade ridicule », que Rameau fait chanter dans une tessiture de haute-contre, apanage des jeunes premiers héroïques et tendres. Car à l’occasion du mariage du Dauphin Louis, fils de Louis XV, et de l’infante Maria Teresa d’Espagne, réputée disgracieuse, le compositeur se moque.
De cette cour, peut-être, qui se prend pour l’Olympe. De la tragédie lyrique, où ses audaces divisent l’auditoire entre Anciens – les « lullystes » – et Modernes – les « rameauneurs ».
Ou encore de lui-même, si peu préoccupé de sa propre gloire, comme le rapporte Guy de Chabanon, son premier biographe, qu’elle « paraissait même quelquefois l’importuner », et pourtant prompt à rétorquer aux piques assassines de ses plus fervents détracteurs. Dès lors, son coup de génie n’est-il pas de démontrer, sous les traits de la Folie, que nul autre que lui, artiste et théoricien, n’eût été en mesure de « parvenir au chef-d’oeuvre de l’harmonie » ?
Comédie lyrique (ballet bouffon) en un prologue et trois actes (1745)
- Musique
- Jean-Philippe Rameau
- Livret
- Adrien-Joseph Le Valois d’Orville
- Direction musicale
- Marc Minkowski
- Mise en scène & costumes
- Laurent Pelly